La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht, mise en scène Claudia Stavisky, ave Philippe Torreton

Qu'advient-il lorsque l'humanité est confrontée à la remise en cause de ses pensées les plus certaines et à l'effondrement de ses repères fondateurs? C'est ce qui s'est produit un jour de 1609 où, scrutant le ciel de son téléscope, Galilée l'affirme, Copernic a raison. Les modèles astonomiques antiques, ceux d'Aristote et de Ptolémée, les seuls que la Religion affirme comme vrai, sont faux. La Terre n'est pas le centre de l'univers. Les croyances humaines, celles que l'on admet majoritairement comme irréfutables depuis l'Antiquité, vont alors s'en trouver bouleversées. La découverte doit-elle être révélée et expliquée aux yeux du monde ou le savant doit-il être réduit au silence pour préserver un équilibre séculaire ? A plusieurs reprises Galilée, va se conformer aux volontés de l'Église, qui le menace du supplice en abjurant ses découvertes, en faisant le serment de ne plus chercher à bouleverser le monde établi. Mais, apôtre de la connaissance, et de sa diffusion, il travaille en secret et poursuit ses recherches. Bien que placé sous surveillance étroite de l'Église inquisitrice, il parviendra à diffuser ses écrits et à faire vivre ses découvertes, et dans la langue commune et non plus en latin comme l'était jusqu'alors les textes scientifiques.

La pièce de Bertolt Brecht nous raconte la vie de ce savant, défenseur de la vérité scientifique, et de sa diffusion à tous. En reprenant La Vie de Galilée, Claudia Stavisky propose une création juste, faisant la part belle à la réflexion et au propos du savant. Si l'histoire nous plonge au début du XVIIème siècle, la mise en scène révèle la contemporanéité du texte de Bertolt Brecht. Le moment de théâtre devient alors un sujet d'interrogation. Les dogmes sociaux du monde actuel, qui ont remplacé ceux de l'omnipotente Église contemporaine de Galilée, se trouvent bouleversés par les signaux d'alerte qui se constituent des catastrophes écologiques et crises sociales agitant le monde. Le monde construit depuis l'Après-Guerre semble ainsi confronté à des problématiques existentielles semblables à celles qui se posaient lorsque Galilée affirmait que la Terre ne peut être le centre de l'univers. Sur scène, dix comédiens gravitent brillament autour d'un Philippe Torreton omniprésent, interprétant un Galilée juste, fragile et puissant d'humanité. Assurément, La Vie de Galilée sous l'oeil de Claudia Stavisky, pièce historique, philosophique, politique, est une réussite en tous points. 

Au théâtre des Célestins à Lyon jusqu'au 1er décembre (retour durant la saison 2020), puis à Antibes (Anthéa, théâtre d'Antibes) les 17 et 18 décembre, à la Comédie de Saint-Étienne du 8 au 10 janvier 2020, à la Maison de la Culture de Nevers le 17 janvier 2020, et à Angers (Le Quai) les 23 et 24 janvier 2020.

La Vie de Galilée, Bertotl Brecht, mise en scène Claudi Sativsky (photo Simon Gosselin)